Petit retour sur une ancienne piste, suite au sujet sur "l'octave", pour ceux que ça intéresse.
A la fin de la 420, on lit "hâte-toi de trouver la flèche", et au début de la 560, "ne t'attarde pas, ne demande pas ton reste". Pour moi, ces deux énigmes correspondent aux items huit et neuf de la charade 470 : "mon huitième a le goût du laurier, tandis que mon neuvième, par l'étonnement se traîne".
Le titre de la 560 évoque l'empereur Auguste/Octave ("ad augusta per angusta" est une expression latine venant du sens d'"augusta". En effet, ce mot tire son origine de l'empereur romain Auguste, célèbre pour la paix qu'il a réinstaurée à Rome et son règne glorieux. Pourtant, pour accéder au pouvoir, il est passé par des chemins tortueux : participation au complot contre Jules César, élimination de ses rivaux politiques, profit de la guerre civile..). La devise d'Auguste était "hâte-toi lentement" ("festina lente" en latin).
Il existe une forme de cette devise sur le mode du rébus, que l'on retrouve en gravure dans "le songe de Poliphile", une oeuvre particulièrement influente de la renaissance, mais aussi sur certaines monnaies frappée sous le règne de Titus. Les numismates considèrent qu'il s'agit alors d'une référence à Neptune.
Cette devise se retrouve également chez La Fontaine, dans la fable "le lièvre et la tortue" (la tortue "se hâte avec lenteur"), dont on connaît la morale, applicable selon moi à la résolution de ces deux énigmes.
Enfin, c'est Nicolas Boileau qui la rendra particulièrement célèbre dans son poème "l'art poétique" ("Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage"...).
Nicolas Boileau est l'un des protagonistes de la querelle des Anciens et des Modernes ayant eu lieu à la fin du XVIIème siècle : lui soutient que l'antiquité grecque et romaine représente la perfection artistique, impossible à surpasser, et s'oppose aux auteurs tels que Charles Perrault, décidés à s'extraire du carcan classique.
Là où cela devient intéressant, c'est que la même polémique se reproduit au XIXème, opposant les tenants du classicisme à ceux du romantisme, menés par Victor Hugo. C'est cette opposition de points de vue qui donne lieu à la célèbre "bataille d'Hernani", lors de la première représentation de la pièce, le 25 février 1830...
A noter, dans l'introduction de la synthèse 420 du Figaro-Magazine : "Qu'elle se méfie ! La huitième énigme les rapproche, doucement mais sûrement, du but". Et dans celle de la 560 : "En attendant, la chouette n'est toujours pas trouvée. Alors, qui arrivera à lui mettre le premier la main dessus : un ancien, ou un nouveau chasseur ? Ou un duo formé de l'un et de l'autre, comme il s'en forme de plus en plus ?".
….un peu trop tortueux à mon goût.
