Nous avons une chasse au trésor qui dure depuis plus de 20 ans, d’où l’on devrait pouvoir conclure qu’elle est plutôt pas trop facile (même si certains, et même beaucoup, prétendent l’avoir résolue, sans que leurs solutions ne convainquent qui que ce soit).
Peu de temps après le lancement de la chasse, le journal Libération lui a consacré une double page. Je n’ai malheureusement pas pu retrouver cet article dans mes affaires (plusieurs déménagements...), mais peut-être que quelqu’un le possède et pourrait nous le scanner ?
Je crois me souvenir que MV y déclarait (à moins que ma mémoire me trahisse et qu’il l’ait fait ailleurs) qu’il avait peaufiné la chasse pendant des années, et qu’il était arrivé à un point où il ne pouvait plus y changer un iota (cela, je m’en rappelle parfaitement bien).
Mais voilà qu’ensuite, il se met à répondre aux questions des chercheurs, et petit à petit, il déclare que telle chose n’a aucune importance, que telle autre, on peut l’ignorer, que telle autre chose encore, c’est Becker, etc. De la chasse dont on ne pouvait changer un iota, on est passé progressivement à une chasse dont 80 à 90 % ne sert à rien et peut – non : doit ! - aller à la poubelle. Ce ne serait pas un tout petit peu contradictoire ? Parfois, je me demande...
Certes, l’auteur a laissé entendre que ses réponses (« madits ») ne tenaient pas compte d’un éventuel deuxième niveau, dont, pour une raison qu’il connaissait (mais qu’il n’a pas jugé utile de nous présenter, car il avait peur qu’on la lui pique), il se refusait obstinément à infirmer ou confirmer l’existence. Cependant, personne n’est dupe, bien sûr : ce deuxième niveau n’existe pas !
Maintenant, voyons voir ces énigmes dont on ne peut changer un iota :
- la B ? Elle ne sert qu’à trouver l’ordre. Tout le reste, poubelle ! C’est gravé à côté de la plaque de marbre !
- la 530 ? Elle donne un lieu et c’est tout – si on est Sage (je précise pour ne pas m’attirer une énième resucée d’une tapée bien sentie de madits, en gros caractères rouges et soulignés, par des ceusses qui ont eu l’intuition géniale qu’il fallait avoir la sagesse de tracer un O à main levée sur une carte qu’on n’utilisera selon les madits que 5 énigmes après). La première ligne reprend le B de l’énigme précédente ? Un clin d’oeil, voilà tout ! Le visuel montre une carte de France, alors que celle-ci est censée n’être utile qu’à partir de la sixième énigme sur dix ? C’est juste pour nous confirmer Bourges d’une manière prodigieusement astucieuse (n’oublions pas quand même que l’enjeu était de 1 méga- franc) (et pour nous suggérer, bien sûr, le fameux O à main levée, véritable alpha et oméga de la chasse).
- la 780 ? Elle ne donne qu’une direction (le sud, que seuls les chercheurs les plus astucieux ont réussi à trouver, en se torturant les méninges pendant des mois et des mois et après avoir appris par coeur le Manuel des castors juniors et révisé leur collec’ d’emballages Malabar). Plus une « chose importante qui servira plus tard » (cela a été très très laborieux aussi, mais on a fini par comprendre, à force de compulser le Quid et de changer les piles de sa calculette, qu’il s’agissait de la mesure de 0,33 cm donnée par la circonférence, ouf !).
- la 470 ? Elle ne donne qu’un seul lieu (là encore, charade d’une difficulté de résolution inouïe, le coup du « A espace », mortel, non mais allô quoi ! Heureusement les anciens ont fait tout le boulot). On est supposément censé aligner mon Tout, l’Ouverture et la lumière, ce qui ne fait effectivement qu’un seul lieu, mais, madits obligent, exclusivement sur une carte d’agenda – où sont, bien sûr, indiqués le col de Roncevaux, et même l’Aube (très prisée comme lumière, sauf pour ceux qui pensent que Râ est cohérent avec la bataille de Roncevaux). Il sera toujours temps de reporter plus tard sur la 989 cet alignement génial (le fameux « axe RBC », dont la découverte, après je ne sais combien de nuits blanches passées sur la carte d’agenda, a été un premier pas de géant pour l’humanité tout entière). (Pourquoi le reporter plus tard ? C’est une astuce technique, utilisée par les auteurs de chasse au trésor professionnels, que l’on appelle entre initiés un « retardateur »). Comme on n’a droit qu’à deux cartes pour l’ensemble du jeu, je suppose qu’il faut revenir à la carte d’agenda quand on a trouvé la zone, mais attention, madit qu’il faut choisir alors la carte d’agenda la plus précise possible !
- la 580 ? Là, faut avouer, ça se corse vraiment : déjà, remplacer SI par B, LA par A, etc. c’était quasiment introuvable, et heureusement qu’il y avait le visuel, d’une subtilité à couper le souffle ! Mais en plus, il fallait penser à lire en sens inverse : personne n’aurait jamais réussi, vous pensez bien, sans le titre, conçu pour mettre très finement la puce à l’oreille des chercheurs les plus perspicaces...
- La 600 ? Infernale ! Il fallait trouver qu’Al-Mar symbolisait les chiffres arabes, et la fibule de Préneste (c’est quoi ce bidule ?) l’alphabet latin, ce qui faisait resplendir les ténèbres et permettait alors de faire ce que tout le monde avait de toute façon déjà fait, à savoir convertir les lettres de la partie cryptée en chiffres, en utilisant le code trouvé dans la 580 au prix de cogitations intenses et acharnées (bon, si on n’avait pas trouvé ce code dans la 580, on arrivait à le deviner dans la 600, mais c’était quand même beaucoup beaucoup plus dur !)...
Et c’est là que la chasse prend brusquement sa véritable et redoutable ampleur (les 5 premières énigmes, bien que visiblement réservées à des cracks, n’étaient comme il se doit qu’une aimable mise en bouche, mais je ne vous dis pas la suite : faire le lien entre la bestiole du visuel de la 500 et les 2 et 4 de la page de gauche, un truc dément !). On commence donc à décrypter la page de gauche de la 600, on voit apparaître les lettres LA CLE... on jette un coup d’oeil à la page de droite, où l’on voit une clé (oui enfin une clef) grosse comme un âne, on a le choc de sa vie, on saute au plafond en s’écriant « À moi veaux, vaches, chouette, couvées ! », et puis on décrypte la suite. Et là, on retombe comme une crêpe sur le parquet (ou sur la moquette si on a la chance d’en avoir une et si on ne l’a pas encore totalement fumée pendant le décryptage des énigmes précédentes), et on se dit en suant à grosses gouttes : « Ben v’là autr’chose, Simone ! C’est-i’ donc quoi ce @&!§£$ de raffiot, d’où qu’i’ sort et où qu’i’ peut ben percher ??? » (textuel).
On connaît la fameuse plainte de Monglane, plus déchirante et non moins lyrique que celle du cor le soir au fond des bois. Je vous la remets, car elle me fait toujours aussi rire :
Monglane, sur son site, a écrit :Chouetteuses, chouetteurs, mes sœurs et frères (et vous aussi, les nouveaux venus!), recueillez-vous : vous avez atteint le Mur des Lamentations, le point crucial où la chasse s’est arrêtée pour n’en plus bouger. L’énigme 600.
Donc voilà, ne nous le cachons pas : on bloque à partir de la 600. Mais quand même ! Saluons le travail TITANESQUE déjà accompli dans les cinq premières énigmes, et tout cela grâce aux efforts conjugués de chercheurs doués d’une perspicacité surhumaine et de maditologues, de France, de Navarre, et même du Sénégal, qui n’ont pas hésité à consacrer leur vie entière à la collation, à la glose et à la transmission des textes sacrés ! Oui, ça a été très dur, ne l’oublions jamais et certains se sont ruinés en minitel, d’autres ont brisé leur ménage, mais comme MV l’a dit lui-même : « On ne trouve pas 1 million de francs sous les pas d’un cheval » (madit à vérifier, ainsi que la date - très important la date !).
Sauf qu’on n’a trouvé le pèze ni sous les pas d’un cheval, ni sous les pieds d’un unijambiste !
Sérieusement ! Où est cette fameuse chasse dont MV était si fier, d’une cohérence telle que ses chevilles menaçaient à tout instant de céder sous le poids de son génie, et dont pas un iota ne pouvait être changé ? Où sont ces solutions dont la reconstitution, si MV avait perdu ses papiers, lui aurait demandé une journée entière, dont une demi-journée pour retrouver toutes les astuces ajoutées « pour la beauté du geste » ? (Bon, c’est vrai qu’il m’a fallu quand même dix minutes pour taper tout ce qui précède, et j’ai pas trop fait gaffe au côté esthétique de mon jeu de poignet). Où sont ces visuels que MV n’aurait pas pu confier à un dessinateur de la ligne claire, ce pourquoi il a très logiquement fait appel à un peintre de la patte lourde ?
Vous n’avez pas l’impression QUAND MÊME, maintenant que le Père-Noël est déjà passé, qu’il y a quelque chose qui cloche, comme qui dirait, et même à toute volée, au point qu’on se croirait presque à Pâques - ou à la Trinité (la chasse ayant été calibrée pour se terminer à peu près à cette date) ?
DL