est-ce la faute à Rousseau ?

Discussions au fil de l'eau sur la 530
Galag
Lapone
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est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar Galag » 15 oct. 2022 à 19:42
Bonjour,

J'explore une nouvelle piste sur la 530, dont je vous fais part des éléments principaux :

- le Sixième de la charade est, je pense, un facteur fondamental de compréhension de l'énigme : le mot ETERNITE est en "capitales", il évoque ainsi une capitale, Rome, la ville éternelle. Sa limite est le sillon tracé par Romulus pour en délimiter le contour ; Romulus et Rémus sont les enfants de la louve, c'est Romulus qui est le loup dominant, l' "alpha" romain, qui tue son frère car il a osé franchir la limite ;

- Rome est aussi le chef-lieu de l'église catholique ; celle-ci s'oppose au protestantisme, cette opposition apparaissant dans l'énigme par la rage (=> combattue par "Pasteur") et par l'expression "sans protester". Ainsi, il faut s'intéresser à celle qu'on a surnommée la "Rome protestante" : Genève ;

- le Sage, c'est le philosophe des Lumières ; deux sages des Lumières ont été très attachés à Genève : Voltaire et Rousseau ; ils occupent tous les deux la première salle de la crypte du Panthéon de Paris (inspiré du Panthéon de Rome) ; le mot panthéon, d'origine grecque, vient de pan = tout et théos = dieux ; Voltaire et Rousseau nous guident ainsi vers le Tout... de la charade ;

- en 1761, après avoir vécu à Genève, Voltaire s'installe à Ferney, aux limites de Genève ; quant à Rousseau (genevois d'origine, mais longtemps exclu de sa cité natale), à la même époque, il est obligé de se cacher en Suisse, dans la principauté de Neuchâtel (pas aussi proche de Genève que Voltaire, mais pas si loin quand même) ;

- l'ouverture du titre évoque une œuvre musicale ; or Rousseau était aussi compositeur, et a écrit un "intermède" (petit opéra) intitulé le devin du village, joué pour la première fois en 1752 (date importante dans la chasse) ;

- mais ce n'est pas cette "affaire" de devin qui nous intéresse, c'est plus probablement le conflit entre Voltaire et Rousseau, dont l'origine n'est pas l'opéra mais le théâtre. Cela a commencé lorsque Rousseau a réagi à l'article "Genève" de l'Encyclopédie (dont l'auteur est d'Alembert), en écrivant la Lettre sur les spectacles, où il se prononce contre l'ouverture de théâtres à Genève, ce qui déclenche l'hostilité de Voltaire qui souhaitait au contraire y ouvrir un théâtre ; le point culminant de cette querelle est la lettre que Rousseau adressa à Voltaire, où il exprime sa jalousie de voir Voltaire aimé à Genève alors que lui-même en est banni ;

- la devise de Rousseau (qu'il a précisée à la fin de la Lettre sur les spectacles) était "vitam impendere vero", signifiant "consacrer sa vie à la vérité".

Voilà où j'en suis sur cette affaire. Peut-être le serpent crachant son venin fait-il allusion aux invectives des deux protagonistes, peut-être aussi rappelle-t-il le serpent du paradis et le péché originel, c'est-à-dire la "faute". Alors, est-ce la faute à Voltaire ? Est-ce la faute à Rousseau ?

Amicalement,
Galag
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tanacl
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Re: est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar tanacl » 16 oct. 2022 à 08:06
Merci Galag pour toutes ces bonnes idées. Je n'en développe aucune dans ma propre recherche sur la 530 (déjà publiée ici et sur lachouette.net), mais c'est un vrai travail, où sont exploitées des pistes originales, avec une vraie unité. Reste à trouver dans cet ensemble le fil vers la suite...
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Archimede
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Dans mes déplacements par les rues de Paris dans le cadre du jeu je croise la rue d’Alembert sur l’axe de la rue de la Tombe Issoire qui est le chemin de Compostelle, ce croisement se fait juste après l’immeuble du Méridien et après la place de Sein, le tout au dessus des catacombes…
Suis pas loin de panser celui auquel je pense. Oh là, tout doux...
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Re: est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar Galag » 16 oct. 2022 à 16:37
Il y a dans cette piste plusieurs éléments intéressants pour la suite :

- déjà l'année 1752 (1ère représentation du devin du village) peut se retrouver dans pas mal d'autres énigmes : dans la 780 si on suit la piste de la mesure du méridien et notamment de La Caille (année où il a nommé un ensemble de constellations de l'hémisphère sud, notamment la Boussole), dans la 600 avec l'expérience de Benjamin Franklin (clef + foudre), dans la 500 avec la publication de Micromégas (Voltaire), dans la 560 où on retrouve, à mon avis, La Caille et la dissociation du navire Argo, et pour finir dans la 650 car, dans mes solutions, je me retrouve à Metz, où se trouve l'opéra-théâtre inauguré en 1752 (ce qui reboucle avec les sujets de l'opéra et du théâtre que j'évoque dans le post) ;

- on retrouve à mon avis Genève et Rousseau dans la 600 : comme cela a été plusieurs fois dit, la devise de Genève est "post tenebras lux" et son blason présente une clef (et une demi-aigle). On retrouve surtout dans cette énigme une phrase avec "se cache", qui fait écho avec le sixième de la 530 qui se cache aux limites de l'ETERNITE. Or lorsque Rousseau se cachait en Suisse, il s'habillait en arménien ; comme NAVIRE à l'envers donne ERIVAN, autre façon d'écrire Erevan, capitale de l'Arménie, je crois qu'on a là une confirmation que le navire noir est l'arche de Noé, perchée sur le mont Ararat en Arménie ;

- quant à Voltaire, on le revoit bien sûr dans la 500, avec la référence à Micromégas et le retour de la piste du méridien et des constellations, cette fois pour s'intéresser davantage au nord - où vivent les morses - et à Maupertuis (dont l'expédition est directement évoquée dans Micromégas) ;

- cette piste permet également de souligner l'apparition, tout au long des énigmes, de mots dont le genre est ambigu ou alternatif (ce qui est, à mon avis, l'enseignement de la "clef" cachée sur le navire noir, c'est-à-dire le chevalier d'EON, inverse de NOE). En effet, lorsque Voltaire a vécu à Genève (avant de s'installer à Ferney), il habitait la maison des Délices, et ce mot est masculin au singulier et féminin au pluriel.

On s'aperçoit alors, en cherchant, que le mot "affaire" (530) était autrefois masculin ; le mot "espace" (470) est féminin en typographie ; le mot "navire" (600) a parfois été utilisé au masculin et le mot "foudre" (si on s'intéresse à l'expérience de B. Franklin) est masculin dans certains cas ; l' "hymne" (à St Jean Baptiste dans la 500) est féminin quand il s'agit d'un chant liturgique ; "aigle" (420) est féminin sur les blasons, ce qu'on peut déjà découvrir dans la 600 si on identifie le blason de Genève ; "sentinelles" (650) a été utilisé au masculin par quelques poètes, dont Voltaire (d'où l'utilisation de "eux" dans la 520). Il y en a sans doute d'autres : je pense que l'amour apparaît dans la 780 (pas de N dans l'énigme = pas de haine, et on OSE faire le premier pas), et que la couleur ROUGE (anagramme de ORGUE, là c'est plus capillotracté) est importante dans la 560, or "amour" et "orgue" ont la même caractéristique que "délice".

NB : dans la 530, je crois aussi que les trois rimes en "age" signifient qu'il faut s'intéresser à l'énigme des trois âges, posée par le sphinx à Œdipe, le premier âge étant celui du bébé qui marche à quatre pattes. Or la première œuvre que François-Marie Arouet a écrite sous le nom de Voltaire est Œdipe (en 1718), et en 1755 il a écrit à Rousseau : "il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage".

Amicalement,
Galag
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Re: est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar Coltrane » 17 oct. 2022 à 13:23
Petite contribution sur Rousseau.

En revenant sur le cercle des couleurs de Newton, on peut trouver que AUREUS (doré, jaune) est l'anagramme de URAEUS, soit le cobra femelle égyptien bien connu...

MAis si on s'intéresse au bleu céleste (du ciel vient la lumière), qui est CAERULEUS, on trouve CLE URAEUS, beaucoup plus intéressant.

Si la Cle c'est Nestor (le sage de l'Iliade, et pour moi, qui se substitue à la lettre B dans d'autres décodages révélateurs), cela donne:

CAERULEUS = CLE URAEUS
soit NESTOR URAEUS = ROUSSEAU ENTR

On retrouve ce fameux ENTR dont j'ai parlé ailleurs, qui se décode en ROT13 sur l'alphabet de la fin du XIXes (27 lettres avec &)... pour donner SAGE

bref, le sage Rousseau...
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Re: est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar Coltrane » 17 oct. 2022 à 13:27
PS/ LE SAGE NESTOR = ET ROSSELANGE = ET AGNES SOREL ...

ET = &, l'esperluète très usitée les siècles passés, à ajouter à l'alphabet d'aujourd'hui, et qui permet d'obtenir d'autres décodages alphanumériques intéressants dans le jeu...

La symbolique graphique de l'esperluète est aussi un hameçon, pas mal pour pêcher des indices...
Galag
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Re: est-ce la faute à Rousseau ? Messagepar Galag » 31 oct. 2022 à 19:36
Je reviens un instant sur la présence de Rousseau dans la 530. J'ai écrit en début de fil que le Sage pouvait représenter de manière générique le philosophe des Lumières et conduisait ensuite, via Genève, au couple infernal Voltaire / Rousseau.

Si la Vérité fait référence à la devise de Rousseau et le Devin à son opéra "le Devin du village", alors peut-être le Sage est-il lui aussi plus directement en rapport avec Rousseau. J'identifie deux options possibles :

- le fait que le Sage soit lié au "tout" de la charade est peut-être une allusion à la "Lettre au docteur Jean-Jacques Pansophe", que Voltaire a fait anonymement paraître en 1766, pour dénigrer Rousseau alors réfugié en Angleterre. En effet le mot "Pansophe" vient de pan = tout et sophia = sagesse ;

- le Sage est peut-être le destinataire de la "Lettre à M. Lesage père, à Genève", que Rousseau a écrite au sujet de la musique en 1754, et dans laquelle il évoque son opéra le Devin du village (il y parle notamment de similitudes avec l'opéra "Roland" de Lully). Le destinataire est Georges-Louis Le Sage, maître de mathématiques et de physique.

On peut noter que le fils de ce Georges-Louis Le Sage, également prénommé Georges-Louis, était un physicien de Genève, et qu'il a construit en 1774 le premier télégraphe électrique. Ce télégraphe comprenait 24 conducteurs, aboutissant à un électromètre constitué de 24 boules (chacune correspondant à une lettre de l'alphabet). Ne serait-ce pas pour faire un clin d’œil à ce Le Sage que, dans la 500, Max a utilisé les chiffres 2-4 pour le code Morse ?

Amicalement,
Galag

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