Micromégalomanie

[Galag]

Bonjour,

Le sujet de Micromégas a déjà fait l'objet de plusieurs fils, et je ne voudrais pas paraphraser toutes les interventions pertinentes qu'il y a déjà eu sur le sujet. Néanmoins, il m'a semblé utile (en tout cas pour moi...) de regrouper les pistes possibles que j'identifie avec l'apparition de ce conte philosophique dans la 500.

Pour rappel, la suite des syllabes ma-me-mi-mo dans le dernier vers de la 500 suggère de s'intéresser au "mu" absent, lettre grecque qui symbolise le micron (ou les grandeurs dans un rapport "micro", c'est-à-dire du millionième). Le rapprochement de "micro" et "Mega" évoque Micromégas, conte de Voltaire.

Voici donc une liste, sans doute pas exhaustive mais déjà assez copieuse, de ce que cela peut suggérer à mon avis :

- les noms "Micromégas" et "Voltaire" ont tous deux AEIO comme voyelles.

- c'est un conte philosophique, représentatif de la philosophie des Lumières.

- il a été publié en 1752, date que l'on peut identifier à plusieurs reprises dans les énigmes : 530 : création par JJ Rousseau du Devin du Village ; 780 et suivantes : Lacaille nomme de nouvelles constellations et sépare le Navire Argo ; 600 : expérience de Benjamin Franklin ; 650 : inauguration de l'opéra-théâtre de Metz, le plus ancien théâtre français encore en activité (là, c'est fortement lié à mes solutions !).

- il aurait d'abord été esquissé par Voltaire vers 1738-1739, sous forme d'improvisation en se servant d'une lanterne magique (notion qui pourrait expliquer le fonctionnement de l'ouverture, ou la notion voisine de chambre noire).

- la taille du géant Micromégas (huit lieues) est l'occasion pour Voltaire de décrire des valeurs d'unités de mesure (lieue, pas, pied...), dont on pourrait déduire une alternative à la valeur du pied de 33 cm résultant de la boussole de la 780. Ce sujet a été largement développé par plusieurs chercheurs (byc001, marvinclay, Don Luis...), en remarquant au passage que Voltaire se trompe dans ses calculs (notamment confusion entre les notions de "lieue"), ce qui pourrait être la finalité de l'I.S. sur la faute.

- a contrario, Micromégas rencontre l'expédition de Maupertuis en Laponie (1737) qui contribuera au calcul du méridien et à la définition du mètre en rapport au méridien, ce qui irait dans le sens du pied métrique (sur le visuel, le morse peut pointer l'expédition arctique de Maupertuis, pendant que règle, équerre et compas peuvent évoquer les constellations nommées par Lacaille lors de son expédition australe).

- le personnage de Micromégas souligne le contraste entre "petit" et "grand" (voire infiniment petit et infiniment grand), et entre "nain" et "géant" (son compagnon est surnommé le "nain de Saturne") ; d'autres géants peuvent apparaître dans les énigmes (Pantagruel dans la 530 avec les moutons suivant sans protester, Albion dans la 560...). Grâce au bébé de la 530 et à Voltaire qui a fréquenté la cour de Stanislas à Lunéville, cela peut aiguiller vers le nain Bébé. Dans la 560, cela peut aussi aiguiller vers le Petit Poucet et les bottes de sept lieues.

- Micromégas se désole de l'orgueil des habitants de la Terre ("quoiqu'il fût un peu fâché dans le fond du cœur de voir que les infiniment petits eussent un orgueil presque infiniment grand"). Cela pourrait s'insérer dans une suite des sept péchés capitaux, identifiable dans plusieurs énigmes (530 : rage/colère ; 780 : par S/paresse ; 470 : liaison nu/luxure ; etc).

- de même que la phrase "Mais par le Méga..." parle des échelles de représentation cartographique, Micromégas se déplace à trois échelles distinctes : à l'échelle du cosmos (parcours depuis Sirius, en suivant notamment la Voie lactée) ; à l'échelle du système solaire (parcours depuis Saturne avec son compagnon), à l'échelle de la surface de la Terre. Cela pourrait suggérer l'idée de trois échelles de mesure : une échelle stellaire, une échelle planétaire, une échelle terrestre. L'importance de l'échelle stellaire pourrait être une explication de l'utilisation du jour "sidéral" dans la 420.

- Micromégas est originaire du système de Sirius, cela peut orienter vers une zone spécifique de la voûte céleste, riche en constellations apparaissant potentiellement dans les énigmes : Boussole, Poupe (de l'ex-Navire Argo), Colombe (de l'arche de Noé), Orion, Licorne (monoceros / rosse ??).

- A la fin, Micromégas offre aux terriens un livre dans lequel ils sont censés voir "le bout des choses", et le livre est tout blanc. Cela rejoint l'idée des limites de l'éternité (530), et plus exactement de limites qui bouclent sur elles-mêmes, dans un cycle infini.

Voilà, c'est partiel et partial, avec sans doute une dose substantielle de fausses pistes. Je suis preneur de vos critiques ou idées complémentaires.

Amicalement,
Galag

[miam]

Je pense qu'il y a pas mal des choses que tu cites qui étaient quand même assez compliquées à trouver en 1993, sauf à faire des recherches poussées en bibliothèque, mais bon...
Tu en parles, je rajoute ce lien : https://marvinclay.blogspot.com/2012/09/micromegas.html

De mon côté, j'aime l'idée de voir dans la 530 une sorte de résumé du jeu, ou pour le moins, de ce à quoi il faut porter attention...
La 500 est pour moi associée au S : "mon septième, dressé, crache son venin". Du coup, le S terminal de MicromégaS renforce ce lien...

S, en morse Maxien, c'est 444. Et 444 km, c'est la distance qu'on obtient en 500 si on considère que la mesure vaut 2,4 pieds de 33 cm.

2,4, en Morse encore, c'est T,E : "Emprunte l'orthogonale", emprunte le Té ?

24, en Morse toujours, c'est le N : "par la boussole et le pied", par le N et le pied ? (une boussole indique toujours le N).

Ce jeu est sans fin... soupir ...

[Galag]

Je pense qu'il y a pas mal des choses que tu cites qui étaient quand même assez compliquées à trouver en 1993, sauf à faire des recherches poussées en bibliothèque, mais bon...

C'est vrai pour quelques éléments que j'évoque (ex : spectacle de lanterne magique), mais la plupart sont dans le conte lui-même et il n'était pas vraiment difficile d'y accéder en 1993. Le nain Bébé est dans le Quid 1994.

La 500 est pour moi associée au S : "mon septième, dressé, crache son venin". Du coup, le S terminal de MicromégaS renforce ce lien...

C'est une possibilité. J'ai plutôt tendance à voir un lien entre le septième de la 530 et le titre de la 580, qui présentent tous les deux une allitération en S, et qui pourraient évoquer le célèbre "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes", prononcé par Oreste dans Andromaque.
Mais il est vrai que, avec le code Morse de la 500 et le visuel marin, il est difficile de ne pas penser au fameux S.O.S., et donc au fait que S = 444.

2,4, en Morse encore, c'est T,E : "Emprunte l'orthogonale", emprunte le Té ?

Intéressant. Le "té" (instrument de dessin) a été également appelé "règle-équerre" (NB : la constellation de la Règle avait initialement été nommée "l'équerre et la règle" par Lacaille).

Si on trace la droite Roncevaux-Bourges-Carignan et les deux orthogonales (vers Dabo et vers Ascq), on dessine un té, ce qui peut inciter à tracer des parallèles à la droite RBC (c'est l'utilité d'un té).
Bon, si tu te bases sur une distance de 444 km, j'imagine que tu es sur une configuration différente.

[cocorico]

À noter aussi, qu'en 530, à l'instar de Corneille, Œdipe est la première pièce de théâtre de Voltaire.
Ne voit-on pas d'ailleurs un coq qui dans son symbolisme peut représenter l'orgueil, un clin d'œil aussi à Napoléon qui dénigre le coq au profit de l'aigle.

N'y a-t-il par une volonté de Voltaire de créer des paradoxes de grandeurs ? J'adhère au poste d'Ockham.
viewtopic.php?t=9183#p195197

Ce conte se veut philosophique, il sert aussi à relativiser et exprimer quelques animosités envers certains scientifiques et "puissants".

[Galag]

Œdipe est effectivement la première pièce de Voltaire, mais pour Corneille c'est plutôt une pièce tardive (1659, le Cid étant de 1637).

Tu as raison pour le coq, il peut symboliser l'orgueil, je n'y avais pas pensé.

Je ne suis pas totalement d'accord avec le post d'ockham que tu rappelles : quand Voltaire dit que Micromégas fait huit lieues de haut, il est clair que c'est une lieue de 4,872 km, et ça ce n'est pas la lieue commune de France. Dans l'Encyclopédie, la lieue commune de France était définie comme faisant 2500 pas géométriques, pas 3000. On trouve aussi des définitions à 2400 pas géométriques, voire encore d'autres valeurs. Tout ce que cela révèle, c'est qu'il y avait à l'époque encore beaucoup de flou et de divergences sur la définition des unités de mesure ; on pourrait dès lors dire qu'il n'y a pas une véritable "faute" de la part de Voltaire, il y a le témoignage des confusions de l'époque.

Là où ockham a complètement raison, c'est que la phrase de Voltaire sur la taille du monde de Micromégas (déduite du rapport de taille entre Micromégas lui-même et un terrien) est totalement farfelue : si un homme mesure un pas et Micromégas 8 lieues = 24 000 pas, le rapport ne peut être que de 24 000 (enfin, en admettant l'idée de base, à savoir que la taille d'un être vivant serait proportionnelle à la circonférence de sa planète, ce qui est tout aussi absurde). Mais là, c'est vraisemblablement une erreur volontaire de Voltaire, peut-être, comme tu le dis, pour créer des paradoxes, ou pour se moquer de ceux qui veulent tout comparer, sachant que Voltaire, dans ce conte, s'emploie à relativiser les notions de petit et de grand.

[cocorico]

Bon, là, tu chipotes , j'adhère sur sa conclusion, j'ai comme l'impression que Max s'est amusé à nous pointer ce paradoxe.

Il y a autant de mesures et de valeurs que de chercheurs, bon j'exagère un tantinet.

Et pour sauter du coq à l'âne, je pense aussi au géant de Brême.

[miam]

Une question, rémanente avec cette fichue chasse, est : Est-ce qu'aller chercher des informations dans l'ouvrage de Voltaire est autorisé ou pas ?

Autant je suis d'accord pour considérer qu'un Petit Larousse, un Robert, un Quid, un Atlas Routier ou des Guides Verts Michelin sont des ouvrages courants, autant y mettre des ouvrages bien plus spécifiques comme Micromegas me gêne...

Je sais bien qu'on peut le trouver dans n'importe quelle bibliothèque, mais ça me semble être un peu en contradiction avec le "tout est dans le livre".

[cocorico]

Voltaire, Corneille, sont des auteurs que l'on étudie en classe. Les œuvres font partie de la culture générale, je pense que l'on trouve de bons résumés dans les encyclopédies, peut-être ne pas aller au-delà.